D'abord le blanc, on uniformise, on purifie, on efface. Tout doit disparaître, je ne suis plus humaine, je ne suis plus rien, je suis tout et personne. Puis lentement, le noir s'installe, par grands tracés, du bout de mon pinceau je m'invente un masque, une identité inconnue.
Qui suis-Je ?
Réalité d'une illusion, ou Illusion de cette réalité?
Me revient ses mots, mes maux. Comment peut-on, comment peut - il toujours tout voir, tout dire, savoir là où ça touche, là où ça fait mal?
Je ne souffre pas, ou plus. Juste les voiles qui se lèvent et qui me dévoilent. Mortelle. Fragile. Humaine.
Destinée, tracée ou non, par qui, par toi, par vous, par moi, la vie n'est qu'un dessin, nous sommes une feuille, chacun d'entre nous, mais... Les crayons, les couleurs, les formes, ce n'est pas nous, c'est l'autre, celui qui va laisser sa trace sur nous, en nous, tout près, trop près, pas assez... Certains sont effacables, d'autres s'effacent d'eux mêmes, mais certains sont indélébiles, douloureusement gravés dans ce papier qu'on pensait trop fragile pour les porter. Et finalement, tout est là, tout soutiens, tout à sa place, sa monstrueuse place. On accepte des couleurs aussi, on les demande, on les recherche et lorsqu'on les trouves, on sait qu'on n'oubliera jamais l'impact sur nos yeux.