Par Champi-Haine
Jeudi 24 juin 2010 à 14:43
J'ai vu écrit un jour "C'est étrange la force du langage". Je le pense aussi. Je le ressentais déjà mais ce qui me frappe le plus c'est la force du silence. Du mutisme. Du vide de mots et parfois, du vide des mots. Autrement dit, aussi, le vide de l'imagination, le vide de la créativité. L'impasse. La mort de l'écriture, la mort de la vie et j'ai tellement peur de la vie que je ne peux plus écrire.
Il faut que je publie la vie d'avant.
Il faut que je publie la vie d'avant.
Par Champi-Haine
Lundi 29 mars 2010 à 21:09
"C'était quelque chose en dehors d'elle qu'elle ne savait pas nommer. Une énergie silencieuse qui l'aveuglait et régissait ses journées. Une forme de défonce aussi, de destruction.
[...]
Il s'approche d'elle. Tout près avec précaution. Comme il pousserait du doigt un animal blessé.
[...]
Il l'enveloppe avec des mots, il étreint cette angoisse qui la submerge, il lui tient tête, fort de toute cette confiance qu'il a pour elle, de cette vie d'après qu'il est seul à entrevoir.
[...]
Mais elle n'a pas renoncé .Elle ne veut pas perdre le contrôle. La vie d'avant n'est qu'un souvenir anesthésié et la vie d'après se chuchote comme une promesse impossible.
[...]
Plus tard elle comprendra qu'elle cherchait ça entre autres choses, détruire son corps pour ne plus rien percevoir du dehors.
[...]
C'est parce qu'il sait, sans doute, qu'il est si précieux. Parce qu'en lui la souffrance trouve un écho, dans l'obscurité de son histoire, peut être, dans sa folie ordinaire.
Et s'il était seul à savoir, et s'il était la colère du vent, capable enfin de faire tomber la petite fille de son arbre mort...
[...]
Elle se vantait à voix haute d'avoir tout encaissé, tout digéré, elle avait chaussé ses bottes de mille lieues pour se barrer loin de tout ça, pour affronter le monde. Jusqu'au jour où cette enfance blessée lui est remontée d'un seul coup. Acide.
[...]
Elle ne voulait pas grandir, comment peut-on grandir avec ces blessures à l'interieur de soi? Elle voulait combler par le vide ce manque qu'ils avaient creusé en elle, leur faire payer ce dégoût qu'elle avait d'elle-même, cette culpabilité qu'il la reliait encore à eux.
[...]
Elle essaie de ne pas enfoncer ses ongles dans sa chair pour arracher cette graisse qui prolifère comme une mauvaise herbe.
[...]
Elles s'enfoncent ensemble dans la nuit, elles comparent leurs histoires, elles ne peuvent plus s'arrêter de parler [...] Elles ont en commun ce sentiment de puissance, ce sentiment de déchéance, inextricablement mêlés.
[...]
Elle écrit par petits bouts ce cri infini jusque là resté muet.
[...]
Ils disent tu faisais tellement peur, tu avais l'air déterminée, tellement lointaine. Ils disent on ne savait pas comment t'aborder, te parler, tu étais inaccessible.
[...]
Elle voulait qu'on l'aime à en mourir, elle voulait remplir cette plaie de l'enfance, cette béance en elle jamais comblée.
[...]
Il la laisse se débattre contre elle même. Il lui laisse le temps de toucher de la paume l'impasse dans laquelle elle se trouve, d'abîmer sa peau de ses mains sur le mur de crépi."
[...]
Il s'approche d'elle. Tout près avec précaution. Comme il pousserait du doigt un animal blessé.
[...]
Il l'enveloppe avec des mots, il étreint cette angoisse qui la submerge, il lui tient tête, fort de toute cette confiance qu'il a pour elle, de cette vie d'après qu'il est seul à entrevoir.
[...]
Mais elle n'a pas renoncé .Elle ne veut pas perdre le contrôle. La vie d'avant n'est qu'un souvenir anesthésié et la vie d'après se chuchote comme une promesse impossible.
[...]
Plus tard elle comprendra qu'elle cherchait ça entre autres choses, détruire son corps pour ne plus rien percevoir du dehors.
[...]
C'est parce qu'il sait, sans doute, qu'il est si précieux. Parce qu'en lui la souffrance trouve un écho, dans l'obscurité de son histoire, peut être, dans sa folie ordinaire.
Et s'il était seul à savoir, et s'il était la colère du vent, capable enfin de faire tomber la petite fille de son arbre mort...
[...]
Elle se vantait à voix haute d'avoir tout encaissé, tout digéré, elle avait chaussé ses bottes de mille lieues pour se barrer loin de tout ça, pour affronter le monde. Jusqu'au jour où cette enfance blessée lui est remontée d'un seul coup. Acide.
[...]
Elle ne voulait pas grandir, comment peut-on grandir avec ces blessures à l'interieur de soi? Elle voulait combler par le vide ce manque qu'ils avaient creusé en elle, leur faire payer ce dégoût qu'elle avait d'elle-même, cette culpabilité qu'il la reliait encore à eux.
[...]
Elle essaie de ne pas enfoncer ses ongles dans sa chair pour arracher cette graisse qui prolifère comme une mauvaise herbe.
[...]
Elles s'enfoncent ensemble dans la nuit, elles comparent leurs histoires, elles ne peuvent plus s'arrêter de parler [...] Elles ont en commun ce sentiment de puissance, ce sentiment de déchéance, inextricablement mêlés.
[...]
Elle écrit par petits bouts ce cri infini jusque là resté muet.
[...]
Ils disent tu faisais tellement peur, tu avais l'air déterminée, tellement lointaine. Ils disent on ne savait pas comment t'aborder, te parler, tu étais inaccessible.
[...]
Elle voulait qu'on l'aime à en mourir, elle voulait remplir cette plaie de l'enfance, cette béance en elle jamais comblée.
[...]
Il la laisse se débattre contre elle même. Il lui laisse le temps de toucher de la paume l'impasse dans laquelle elle se trouve, d'abîmer sa peau de ses mains sur le mur de crépi."
Delphine DE VIGAN - Jours sans faim (Extraits)
"J'observe mon visage en quête d'une blessure qui ne se voit pas. Je ne pleure pas. Quelque chose s'est ouvert sous mes pieds dont je ne peux sonder la profondeur.
[...]
Cette brèche ouverte dans l'harmonie du silence, et la peur de tout perdre.
[...]
Sur le papier quelque chose palpitait qu'il ne pouvait abandonner.
[...]
Car le livre n'était rien d'autre qu'une partie de son corps, amputée, vivante, et criait comme un enfant qu'il eut tardé à reconnaître, un enfant abandonné dont le sang d'encre charriait son empreinte. Dans le silence, il avait entendu la violence des mots.
[...]
Dans le train du retour, il n'a cessé de penser à ce moment, d'une force incroyable, à cette émotion qui l'avait envahi, à l'effort qu'il avait dû faire pour ne pas pleurer, il a cherché des mots pour raconter [...] cette douleur qu'il n'avait jamais voulu apprivoiser.
[...]
Pieds nus sur la moquette, il se faufile entre les meubles, contourne les obstacles, cherche un endroit où déposer sa peur. Assis par terre, immobile, recroquevillé sur le silence, il guette la fuite des heures.
[...]
C'est quelque chose qu'elle n'a pas vu venir. Quelque chose qui les éloigne l'un de l'autre, comme une lente érosion.
[...]
Il sait comment elle peut le pousser dans ses retranchements, pour le plaisir de l'hypothèse, aller au bout des raisonnements, mener à leur terme les présupposés les plus ténus, chercher par la provocation ce qui se cache dans le silence. Il ne sait pas encore si ça lui fait mal, il ne répond pas. Elle le regarde avec ce sourire triste qu'elle a parfois, quand elle sait qu'elle ne peut rien.
[...]
Au restaurant, tu as vu les cicatrices sur mes poignets. Ça excite toujours les hommes, le sceau du désespoir là où la peau est la plus douce, la plus fragile. Plus tard, ça leur fait peur. La question était dans ton regard. J'ai haussé les épaules et j'ai souri.
[...]
Nous avons tous une histoire à raconter. Quelque chose dont il faudrait réussir à se débarrasser, pour avancer.
[...]
Maintenant il s'interroge: est-ce que cela aurait changé le cours des choses? Si elle avait pleuré. Si elle l'avait supplié. Elle était trop fière. Trop fière et pourtant si vulnérable.
[...]
Si tu dois vivre autre chose pour qu'on continue, si tu as besoin de ça, une autre main sur ta peau, alors vas-y. Je ne suis pas sûre que j'attendrai, mais je suis sûre que je ne te retiendrais pas.
[...]
Parfois ça fait peur. On se dit que ça ne peut pas durer comme ça, qu'il y a forcément un moment où ça lâche, où ça explose, qu'on ne peut pas se laisser glisser ainsi, s'abandonner soi même, qu'il y a forcément quelque chose au bout, ou au fond, un mur ou une étendue d'eau
[...]
Un livre est comme un amour blessé, lacunaire, il contient en lui ce qu'il aurait pu être et qu'il n'a pas été, cet impossible retour en arrière, ce qu'on aurait dû dire, ce qu'on aurait dû taire, il en porte en lui la douleur d'avoir été abandonné."
[...]
Cette brèche ouverte dans l'harmonie du silence, et la peur de tout perdre.
[...]
Sur le papier quelque chose palpitait qu'il ne pouvait abandonner.
[...]
Car le livre n'était rien d'autre qu'une partie de son corps, amputée, vivante, et criait comme un enfant qu'il eut tardé à reconnaître, un enfant abandonné dont le sang d'encre charriait son empreinte. Dans le silence, il avait entendu la violence des mots.
[...]
Dans le train du retour, il n'a cessé de penser à ce moment, d'une force incroyable, à cette émotion qui l'avait envahi, à l'effort qu'il avait dû faire pour ne pas pleurer, il a cherché des mots pour raconter [...] cette douleur qu'il n'avait jamais voulu apprivoiser.
[...]
Pieds nus sur la moquette, il se faufile entre les meubles, contourne les obstacles, cherche un endroit où déposer sa peur. Assis par terre, immobile, recroquevillé sur le silence, il guette la fuite des heures.
[...]
C'est quelque chose qu'elle n'a pas vu venir. Quelque chose qui les éloigne l'un de l'autre, comme une lente érosion.
[...]
Il sait comment elle peut le pousser dans ses retranchements, pour le plaisir de l'hypothèse, aller au bout des raisonnements, mener à leur terme les présupposés les plus ténus, chercher par la provocation ce qui se cache dans le silence. Il ne sait pas encore si ça lui fait mal, il ne répond pas. Elle le regarde avec ce sourire triste qu'elle a parfois, quand elle sait qu'elle ne peut rien.
[...]
Au restaurant, tu as vu les cicatrices sur mes poignets. Ça excite toujours les hommes, le sceau du désespoir là où la peau est la plus douce, la plus fragile. Plus tard, ça leur fait peur. La question était dans ton regard. J'ai haussé les épaules et j'ai souri.
[...]
Nous avons tous une histoire à raconter. Quelque chose dont il faudrait réussir à se débarrasser, pour avancer.
[...]
Maintenant il s'interroge: est-ce que cela aurait changé le cours des choses? Si elle avait pleuré. Si elle l'avait supplié. Elle était trop fière. Trop fière et pourtant si vulnérable.
[...]
Si tu dois vivre autre chose pour qu'on continue, si tu as besoin de ça, une autre main sur ta peau, alors vas-y. Je ne suis pas sûre que j'attendrai, mais je suis sûre que je ne te retiendrais pas.
[...]
Parfois ça fait peur. On se dit que ça ne peut pas durer comme ça, qu'il y a forcément un moment où ça lâche, où ça explose, qu'on ne peut pas se laisser glisser ainsi, s'abandonner soi même, qu'il y a forcément quelque chose au bout, ou au fond, un mur ou une étendue d'eau
[...]
Un livre est comme un amour blessé, lacunaire, il contient en lui ce qu'il aurait pu être et qu'il n'a pas été, cet impossible retour en arrière, ce qu'on aurait dû dire, ce qu'on aurait dû taire, il en porte en lui la douleur d'avoir été abandonné."
Delphine DE VIGAN - Un soir de décembre (Extraits)
"Mais la vie est comme ça, aussi douloureuse et aussi simple que ça.
[...]
Vous avez l'air de quelqu'un qui ne connaît rien à la chair ni au vertige.
[...]
Vous comprenez n'est-ce pas, je n'ai jamais pu ni la haïr, ni l'aimer.
[...]
Moi je voudrais mettre mes mains sur mes yeux, sur mes oreilles aussi, et ne plus rien voir ne plus rien entendre de ce qui vient du dehors, je voudrais rester au dedans de moi-même // qu'on me laisse avec ce cri au fond de la gorge et tant pis si j'étouffe.
[...]
Je ne sais pas parler d'elle. Je n'ai rien à en dire.
[...]
Vous ignorez sans doute qu'il faut perdre pied pour être dans la douceur du songe, sans entrave, vendre son âme et sa raison, mais ce n'est pas cher payé, croyez-moi, si je vous disais la légerté du corps, offert et vulnérable, et le bonheur de fermer les yeux.// J'ai peur que vous ne puissiez comprendre, cette fragilité extrème, cette fragilité délicieuse qui me rendait la vie.
[...]
Pardonnez ma violence, comme je pardonne la vôtre, plus silencieuse.
[...]
L'amour fait feu de tout bois et se gave d'illusions.
[...]
Et alors tout serait pardonné, l'attente et le mensonge.
[...]
J'aimerais vous dire que seule compte la musique, et le silence aussi.
[...]
On dit d'elle qu'elle est douce, fantasque, un peu sauvage. Qu'il y a dans son regard, quand elle se tait, quelque chose qui met à nu. Que parfois sa voix se brise, quand elle rit.
[...]
Nous sommes des enfants du silence, c'est la faim qui nous dévore, et le rêve aussi.
[...]
Parfois il me semble que la vie m'échappe, se soustrait, je ne parle pas du temps qui passe, je parle de cette sensation étrange et douce, d'être en dehors.
[...]
En attendant j'avance à découvert et je sais sourire en toutes circonstances.
[...]
J'aime le goût de l'alcool dans la bouche des hommes.
[...]
Il aimait mon cul, mes yeux bizarres, ma bouche à mourir.
[...]
Est-ce la joie qui rend si fort?
[...]
Au-delà des mots, quelque chose parfois nous propulse vers la solitude de l'autre, vers son désespoir, son impuissance ou sa colère, cela même qui ne partage pas et que l'on croit pourtant reconnaître. Dans cet élan obscur et aveugle, je m'étais souvent laissé faire.
[...]
J'aime comme tu observes, ta fantaisie, tes mots quand ils sont fragiles, et la densité de ton silence. J'aime cette manière que tu as d'être en dehors, pas très loin.
[...]
Oui c'était difficile de quitter quelqu'un qu'on avait aimé, qu'on aimait encore, d'une manière différente."
[...]
Vous avez l'air de quelqu'un qui ne connaît rien à la chair ni au vertige.
[...]
Vous comprenez n'est-ce pas, je n'ai jamais pu ni la haïr, ni l'aimer.
[...]
Moi je voudrais mettre mes mains sur mes yeux, sur mes oreilles aussi, et ne plus rien voir ne plus rien entendre de ce qui vient du dehors, je voudrais rester au dedans de moi-même // qu'on me laisse avec ce cri au fond de la gorge et tant pis si j'étouffe.
[...]
Je ne sais pas parler d'elle. Je n'ai rien à en dire.
[...]
Vous ignorez sans doute qu'il faut perdre pied pour être dans la douceur du songe, sans entrave, vendre son âme et sa raison, mais ce n'est pas cher payé, croyez-moi, si je vous disais la légerté du corps, offert et vulnérable, et le bonheur de fermer les yeux.// J'ai peur que vous ne puissiez comprendre, cette fragilité extrème, cette fragilité délicieuse qui me rendait la vie.
[...]
Pardonnez ma violence, comme je pardonne la vôtre, plus silencieuse.
[...]
L'amour fait feu de tout bois et se gave d'illusions.
[...]
Et alors tout serait pardonné, l'attente et le mensonge.
[...]
J'aimerais vous dire que seule compte la musique, et le silence aussi.
[...]
On dit d'elle qu'elle est douce, fantasque, un peu sauvage. Qu'il y a dans son regard, quand elle se tait, quelque chose qui met à nu. Que parfois sa voix se brise, quand elle rit.
[...]
Nous sommes des enfants du silence, c'est la faim qui nous dévore, et le rêve aussi.
[...]
Parfois il me semble que la vie m'échappe, se soustrait, je ne parle pas du temps qui passe, je parle de cette sensation étrange et douce, d'être en dehors.
[...]
En attendant j'avance à découvert et je sais sourire en toutes circonstances.
[...]
J'aime le goût de l'alcool dans la bouche des hommes.
[...]
Il aimait mon cul, mes yeux bizarres, ma bouche à mourir.
[...]
Est-ce la joie qui rend si fort?
[...]
Au-delà des mots, quelque chose parfois nous propulse vers la solitude de l'autre, vers son désespoir, son impuissance ou sa colère, cela même qui ne partage pas et que l'on croit pourtant reconnaître. Dans cet élan obscur et aveugle, je m'étais souvent laissé faire.
[...]
J'aime comme tu observes, ta fantaisie, tes mots quand ils sont fragiles, et la densité de ton silence. J'aime cette manière que tu as d'être en dehors, pas très loin.
[...]
Oui c'était difficile de quitter quelqu'un qu'on avait aimé, qu'on aimait encore, d'une manière différente."
Delphine DE VIGAN - Les Jolis Garçons (Extraits)
"Je ne veux pas qu'on me tue parce que je crie trop fort.
[...]
Je m'offre une vie de passions."
"Je reste au milieu de la nuit debout sans fissures et sans bruits
mais de mal en pis et de fugues en fugues..."
Par Champi-Haine
Jeudi 31 décembre 2009 à 23:59
"Pour la nouvelle année, choisissez de belles résolutions, et ne les tenez pas, comme tout le monde."
Par Champi-Haine
Dimanche 27 décembre 2009 à 23:04
C'est pas que je vois en système binaire. C'est que ma vie a toujours été coupée en deux.
Il a toujours fallu faire des choix, laisser l'un de côté, pendant une semaine, puis récupérer l'autre. Je ne les abandonnais pas, je ne les aimes pas l'un moins que l'autre, mais au final c'était ça.
On ne cesse de répéter à un enfant. "Tu continueras à avoir tes deux parents. Tu n'as pas à choisir. Tu les aimes toujours autant et eux aussi." ...
On choisit toujours. L'une des semaines est consacrée à l'un et la deuxième à l'autre et ainsi de suite. On aime plus qu'un coup sur deux. Ca veut pas dire qu'on oublie, mais on vit avec eux un coup sur deux. Nos souvenirs, les fêtes, tout ça est coupés en deux.
Alors.. Oui, ça n'excuse ni ne justifie rien. Vous pouvez m'en vouloir, je le conçois, le comprends, l'accepte.
Mais comment voulez-vous que j'arrive à faire un choix ou plutôt, à m'y tenir. Nager entre deux eaux, c'est ma vie, ça m'est familier, ça me sécurise. J'ai besoin d'avoir deux points d'appuis. Oui, ça ne justifie rien. Mais je sais que je vous fais souffrir. Autant que je sais que je fais souffrir ma mère d'avoir choisit mon père. Mais on fait avec. On prend l'habitude de traîner la douleur d'un tiers, on a un poid accroché à la cheville.
Ca ne veut pas dire que j'aime vous faire souffrir. Que j'aime rire avec l'un et embrasser un autre. Oui. J'aimerais vous avoir tous les deux. Mais au lieu de vous avoir entièrement l'un et l'autre, je vous ai simplement à moitié. Personne n'appartient à personne, j'entends. Mais ma vie n'est qu'un chemin pour aller de l'un à l'autre.
Je suis désolée. Vous le savez aussi, je fais un travail pour apprendre à ne prendre qu'une décision et ne prendre qu'un seul chemin. Le problème n'étant pas que je n'assume pas mes choix, le problème est que j'en fais toujours plusieurs...
Qu'est-ce que ça change au final tout ça? Pas grand chose. Ca me libère juste de faire mes analyses psychologiques toute seule. "Le truc de ouf avec toi c'est que t'analyses tout, ce que tu fais, pourquoi tu le fais. Tu t'auto-analyse.. Mais sérieux, tu deviens pas schyzo à force?" Franchement, parfois j'aimerais bien me découvrir ce genre de pathologie, j'pourrais enfin me dire que je ne suis pas juste une ado qui vit encore dans sa douleur, dans sa blessure de ces 8 ans et qui cherche encore et toujours un responsable. Qui est persuadée que ça ne peut être qu'elle, sinon, pourquoi maman serait partie vu que papa était adorable? On apprend au fur et à mesure de la vie que non, rien n'était parfait. Mais comme cela avait toujours été le cas, pourquoi d'un coup, pourquoi maintenant? C'est moi n'est-ce pas? Je n'aurais jamais dû te parler de mon agression maman, je n'aurais pas dû, peut être que tu ne serais pas partie.. Il y a forcément une raison qui fait que tu ai décidé de nous abandonner. De nous oublier et de nous récupérer plus tard, sous une autre forme, sous une "maman" que je ne connaissais plus. Sous un rire qui m'apparaîssait étranger. C'est de ma faute si tout est parti en vrille. J'aurais dû savoir me défendre contre les garçons pervers qui fourrent leurs mains au fond des sexes des petites filles. J'aurais dû savoir, j'aurais dû être prête. Mais promis, je ne me laisserais plus faire par les garçons, ni par les filles. Je ne me laisserais plus faire par personne, je vais me débrouiller seule et je vais ramener maman. Même si j'ai la haine contre elle d'avoir claqué la porte, d'avoir annoncé son départ à papa en même temps qu'à nous. Même si aujourd'hui, je considère encore, du haut de mes 8 ans que "personne ne peut comprendre" et qu'au fond, oui, maintenant j'ai 17 ans et que je veux que personne n'ai à comprendre. Je veux que ça disparaisse ce genre d'horreur. Je veux qu'on arrête les pervers, je veux qu'on protège les petites filles. Je veux qu'on aide les mères. Je veux qu'on aide les papas. Je veux qu'on m'explique pourquoi j'ai rien pû faire, pourquoi même si on le veut très fort, y a rien qui peut rester là où c'est. Qu'il faut toujours qu'il y ai des départs. Qu'il faut toujours que tout change. Pourquoi lui aussi il devait m'abandonner? Pourquoi ça doit toujours se répéter ces histoires à la con où on se retrouve toujours tout seul devant une valise vide...
2009
Fruchy
Parce que s'il n'y avait pas tout ça, on ne se rendrait pas compte du bonheur qu'il y a dans tout le reste.
(Mais bon, faut le voir quoi ^^)
(Je sais que je ne sais pas. Je sais.)
Champi-Haine
C'est pas que tu sais ou que tu ne sais pas Fruchy. En fait ça n'a rien à voir, c'est juste que... Cette réponse là, c'est la seule qui fait que je garde ce sourire du bout des zygomatiques (^^). C'est la réponse que m'a fait ma mère au bout des 2 mois où elle ne nous donnait pas de nouvelles. C'est la réponse digne de l'ironie du malheur, c'est la réponse qui fait que l'on reconnait qu'il y a du malheur et que pour ne pas le regarder, on s'attache à l'autre côté, le bonheur, cette chose qui est là et qui n'a pas besoin d'explication.
Il a toujours fallu faire des choix, laisser l'un de côté, pendant une semaine, puis récupérer l'autre. Je ne les abandonnais pas, je ne les aimes pas l'un moins que l'autre, mais au final c'était ça.
On ne cesse de répéter à un enfant. "Tu continueras à avoir tes deux parents. Tu n'as pas à choisir. Tu les aimes toujours autant et eux aussi." ...
On choisit toujours. L'une des semaines est consacrée à l'un et la deuxième à l'autre et ainsi de suite. On aime plus qu'un coup sur deux. Ca veut pas dire qu'on oublie, mais on vit avec eux un coup sur deux. Nos souvenirs, les fêtes, tout ça est coupés en deux.
Alors.. Oui, ça n'excuse ni ne justifie rien. Vous pouvez m'en vouloir, je le conçois, le comprends, l'accepte.
Mais comment voulez-vous que j'arrive à faire un choix ou plutôt, à m'y tenir. Nager entre deux eaux, c'est ma vie, ça m'est familier, ça me sécurise. J'ai besoin d'avoir deux points d'appuis. Oui, ça ne justifie rien. Mais je sais que je vous fais souffrir. Autant que je sais que je fais souffrir ma mère d'avoir choisit mon père. Mais on fait avec. On prend l'habitude de traîner la douleur d'un tiers, on a un poid accroché à la cheville.
Ca ne veut pas dire que j'aime vous faire souffrir. Que j'aime rire avec l'un et embrasser un autre. Oui. J'aimerais vous avoir tous les deux. Mais au lieu de vous avoir entièrement l'un et l'autre, je vous ai simplement à moitié. Personne n'appartient à personne, j'entends. Mais ma vie n'est qu'un chemin pour aller de l'un à l'autre.
Je suis désolée. Vous le savez aussi, je fais un travail pour apprendre à ne prendre qu'une décision et ne prendre qu'un seul chemin. Le problème n'étant pas que je n'assume pas mes choix, le problème est que j'en fais toujours plusieurs...
Qu'est-ce que ça change au final tout ça? Pas grand chose. Ca me libère juste de faire mes analyses psychologiques toute seule. "Le truc de ouf avec toi c'est que t'analyses tout, ce que tu fais, pourquoi tu le fais. Tu t'auto-analyse.. Mais sérieux, tu deviens pas schyzo à force?" Franchement, parfois j'aimerais bien me découvrir ce genre de pathologie, j'pourrais enfin me dire que je ne suis pas juste une ado qui vit encore dans sa douleur, dans sa blessure de ces 8 ans et qui cherche encore et toujours un responsable. Qui est persuadée que ça ne peut être qu'elle, sinon, pourquoi maman serait partie vu que papa était adorable? On apprend au fur et à mesure de la vie que non, rien n'était parfait. Mais comme cela avait toujours été le cas, pourquoi d'un coup, pourquoi maintenant? C'est moi n'est-ce pas? Je n'aurais jamais dû te parler de mon agression maman, je n'aurais pas dû, peut être que tu ne serais pas partie.. Il y a forcément une raison qui fait que tu ai décidé de nous abandonner. De nous oublier et de nous récupérer plus tard, sous une autre forme, sous une "maman" que je ne connaissais plus. Sous un rire qui m'apparaîssait étranger. C'est de ma faute si tout est parti en vrille. J'aurais dû savoir me défendre contre les garçons pervers qui fourrent leurs mains au fond des sexes des petites filles. J'aurais dû savoir, j'aurais dû être prête. Mais promis, je ne me laisserais plus faire par les garçons, ni par les filles. Je ne me laisserais plus faire par personne, je vais me débrouiller seule et je vais ramener maman. Même si j'ai la haine contre elle d'avoir claqué la porte, d'avoir annoncé son départ à papa en même temps qu'à nous. Même si aujourd'hui, je considère encore, du haut de mes 8 ans que "personne ne peut comprendre" et qu'au fond, oui, maintenant j'ai 17 ans et que je veux que personne n'ai à comprendre. Je veux que ça disparaisse ce genre d'horreur. Je veux qu'on arrête les pervers, je veux qu'on protège les petites filles. Je veux qu'on aide les mères. Je veux qu'on aide les papas. Je veux qu'on m'explique pourquoi j'ai rien pû faire, pourquoi même si on le veut très fort, y a rien qui peut rester là où c'est. Qu'il faut toujours qu'il y ai des départs. Qu'il faut toujours que tout change. Pourquoi lui aussi il devait m'abandonner? Pourquoi ça doit toujours se répéter ces histoires à la con où on se retrouve toujours tout seul devant une valise vide...
2009
Fruchy
Parce que s'il n'y avait pas tout ça, on ne se rendrait pas compte du bonheur qu'il y a dans tout le reste.
(Mais bon, faut le voir quoi ^^)
(Je sais que je ne sais pas. Je sais.)
Champi-Haine
C'est pas que tu sais ou que tu ne sais pas Fruchy. En fait ça n'a rien à voir, c'est juste que... Cette réponse là, c'est la seule qui fait que je garde ce sourire du bout des zygomatiques (^^). C'est la réponse que m'a fait ma mère au bout des 2 mois où elle ne nous donnait pas de nouvelles. C'est la réponse digne de l'ironie du malheur, c'est la réponse qui fait que l'on reconnait qu'il y a du malheur et que pour ne pas le regarder, on s'attache à l'autre côté, le bonheur, cette chose qui est là et qui n'a pas besoin d'explication.
Par Champi-Haine
Samedi 26 décembre 2009 à 23:41
"Alors comme un enfant qui serait abandonné par celle qui l'a mis au monde, l'amour se transforme en haine.
L'aigreur et la haine deviennent alors les seules stimulation de l'existence."
L'aigreur et la haine deviennent alors les seules stimulation de l'existence."
L'Homme Inconnu dans
Je tremble (1 et 2) de
Joël Pommerat
Les paupières se sont fermées, j'ai écouté les souvenirs sortirent de la bouche de ma grand mère. Oui, du jour au lendemain, j'ai eu une haine, une haine en moi a proliféré parce que ma mère m'avait abandonnée. J'ai encaissé, j'ai levé les bras vers mon père du haut de mes 8 ans, du bas de ma douleur. J'ai voulu tout porter, mon frère, mon père, ma soeur déjà bien enfui dans les conneries. J'ai refusé l'illusion, mon frère est devenu fantôme, ma soeur a viré mauvaise gamine, incontrôlable, mon père vivant dans ce cocon protecteur que rien n'avait changé, il a voulu compenser en des milliers de cadeaux, de jouets. J'ai toujours dit "Non papa, ça ne la rammènera pas".
T'es devenue une mini-adulte, T'as voulu mettre des hauts talons pour atteindre la souffrance de la famille, tu t'es brisée les chevilles alors t'as rampé, t'as rien lâché. Aujourd'hui, ça te cisaille encore les joues.
J'arrive pas à pardonner. J'arrive pas à lui pardonner. J'voudrais tant si tu savais maman, t'es tellement belle aujourd'hui avec ce nouveau rire que je ne t'avais jamais connu. Et papa, qui a rangé son orgueil et qui rit aussi, jaune, mais un peu moins, de toutes les couleurs. Qui trouve que je réfléchis trop, que j'ai été arraché à l'arbre de l'enfance trop tôt, et que je suis condamnée à avoir un cran de plus et un cran de moins que les autres. Un peu pourrie.
Quand j'entends les souvenirs des gens que je connais, qu'aujourd'hui quand je souris, les gens ouvrent les yeux surpris. Que la sauvageonne depuis le lycée est moins violente, elle est sociable. Que j'ai changé. Il y avait juste des mecs qui s'étaient entichée d'une violence fragile, qui ont pris les coups jusqu'à qu'ils l'apprivoise. A moitié. Toujours sur ses gardes la louve. Toujours les crocs à vif. Non. Je change. Je range les couteaux. Je prends sur moi. Je souris parce qu'on communique mieux avec un sourire qu'avec le regard noir assassin.
2009
T'es devenue une mini-adulte, T'as voulu mettre des hauts talons pour atteindre la souffrance de la famille, tu t'es brisée les chevilles alors t'as rampé, t'as rien lâché. Aujourd'hui, ça te cisaille encore les joues.
J'arrive pas à pardonner. J'arrive pas à lui pardonner. J'voudrais tant si tu savais maman, t'es tellement belle aujourd'hui avec ce nouveau rire que je ne t'avais jamais connu. Et papa, qui a rangé son orgueil et qui rit aussi, jaune, mais un peu moins, de toutes les couleurs. Qui trouve que je réfléchis trop, que j'ai été arraché à l'arbre de l'enfance trop tôt, et que je suis condamnée à avoir un cran de plus et un cran de moins que les autres. Un peu pourrie.
Quand j'entends les souvenirs des gens que je connais, qu'aujourd'hui quand je souris, les gens ouvrent les yeux surpris. Que la sauvageonne depuis le lycée est moins violente, elle est sociable. Que j'ai changé. Il y avait juste des mecs qui s'étaient entichée d'une violence fragile, qui ont pris les coups jusqu'à qu'ils l'apprivoise. A moitié. Toujours sur ses gardes la louve. Toujours les crocs à vif. Non. Je change. Je range les couteaux. Je prends sur moi. Je souris parce qu'on communique mieux avec un sourire qu'avec le regard noir assassin.
2009